Lettre à mes filles

Publié le par Anne

Ecrite le 13 avril 2007


C’était il y a 5 ans
 
Le vendredi 12 avril 2002, je me lève, le fond de culotte légèrement mouillé. Je me pose des questions. J’en parle sur un forum de futures mamans que je fréquente assidûment. On me dit de consulter. Ta naissance est prévue pour dans 3 semaines et j’ai régulièrement des petites fuites urinaires (hmmm sympa). Je décide d’attendre un peu. Je passe ma journée au ménage (l’appart en avait grand besoin)
 
Je suis constipée. Toute la journée, j’ai mal au ventre, je ne me sens pas super bien. En début de soirée, ton papa décide de m’emmener boire un verre en ville pour me changer les idées. Je me commande un cocktail de fruits frais, pensant aider ainsi mon transit (ben quoi? :-) )…
 
On a déjà soupé mais il nous prend une petite fringale à 22h, en rentrant. Je nous fais réchauffer une pizza surgelée.
 
Vers 23h45, je décide d’aller me coucher, avec toujours ce petit mal de ventre.
 
Il me semble que mes "coliques" vont et viennent avec régularité. Je regarde régulièrement le radio-réveil et m’aperçoit qu’elles reviennent toutes les 5 minutes. Dans le doute, je me relève et demande à Papa de m’emmener aux urgences, juste pour être sûre que tout va bien pour toi et que ce ne sont pas des contractions.
 
Arrivée à la maternité, la sage-femme m’ausculte. Le col est toujours bien fermé… on me place le monitoring et on s’aperçoit que ce sont bien de petites contractions que je ressens… seulement, en parallèle à ces contractions, ton petit cœur ne bat pas comme il le devrait. Les contractions te fatiguent.
 
L’interne de garde appelle le gynécologue de garde et, ensemble, ils décident qu’il vaut mieux te faire naître aujourd’hui, par césarienne.
 
Papa part rechercher nos affaires pendant qu’on me prépare. Il revient juste à temps pour aider à pousser mon lit jusqu’au bloc opératoire. Il doit s’arrêter à la porte. Je serai donc seule pour t’accueillir dans ce monde.
 
Je panique un peu. Je n’imaginais pas ta naissance comme ça.
 
On me pose la péridurale (à cause de la pizza, je ne peux avoir d’anesthésie générale… tant mieux, je pourrai ainsi te voir dès ta venue au monde). Ca me fait mal dans tout le bas du dos. Mes yeux pleurent : accumulation de fatigue, de peurs et de douleur. Il doit être environ 3 heures du matin.
 
On place un grand drap pour que je ne voie pas ce qui se passe et je ressens uniquement des grosses pressions sur mon ventre. Soudain… un cri. Tu es là, ma toute petite. Tu t’appelles Chloé, tu mesures 45 cm et pèse 2,615 kg. Il est 3h55, ce samedi 13 avril 2002.
 
La sage-femme me permet juste un coup d’œil et une caresse. Elle t’emmène tout de suite pour vérifier tes fonctions vitales. Elle en profite pour te donner un biberon d’eau sucrée que tu t’enfiles à vitesse grand V…
 
Par la suite, tu ne nous as apporté que du bonheur.
 
Tu as aujourd’hui 5 ans et une langue longue d’au moins 5 km… tu nous fais rire, parfois nous devons nous fâcher mais nous t’aimons avec une force que nous n’aurions jamais imaginée.
 
 
C’était il y a 3 mois…
 
Vendredi 12 janvier 2007.
 
Demain, j’en serai à 40 semaines d'aménorrhée, ta naissance est prévue dans une semaine. Je n’en peux plus. Cette grossesse qui s’est si bien passée me semble interminable. Je n’attends qu’une chose, pouvoir te rencontrer enfin, ma toute petite. Ta grande sœur aussi est impatiente.
 
Je repense à cet autre vendredi 12, il y a 4 ans et 9 mois. Je me dis qu’il y aura peut-être une heureuse coïncidence. Deux filles nées un samedi 13.
 
Je perds le bouchon muqueux depuis maintenant 4 jours (encore des détails appétissants... on n'a plus honte de rien quand on est enceinte). Mais rien n’annonce ta venue imminente. J’ai des contractions mais ni plus ni moins que les jours précédents.
 
Je soûle tout le monde toute la journée avec mes états d’âme : ton papa, mes copines muguettes.
 
A 22h, je décide d’aller me coucher. Une quinte de toux et voilà que je fais pipi (encore!)… non, ce n’est pas du pipi, c’est du liquide mêlé de sang. J’appelle ton papa qui travaille. Le temps qu’il arrive, je me lave, m’habille et réveille Chloé qui ira finir la nuit chez ma maman. Nous voilà partis vers la maternité. Les contractions se font + fortes, elles sont désormais toutes les 7 minutes.
 
Après examen, la sf m’annonce que le col est toujours fermé. Je panique un peu, j’ai l’impression de revivre cette autre nuit, il y a + de 4 ans. Elle confirme que c’est bien la poche des eaux qui a percé (le sang lui faisait craindre une déchirure de la cicatrice utérine). Elle ne peut rien me donner pour accélérer le travail, puisque Chloé est née par césarienne. Il me faudra être patiente.
 
Le temps passe, le col s’ouvre tout doucement. Les contractions se font de plus en plus douloureuses, pourtant, entre deux, je m’endors. Papa est à mes côtés. Il me tient la main. A un moment, je me réveille en hurlant « je pensais que c’était un cauchemar ! » Mais non, c’est bien réel. Je suis épuisée, la douleur me dépasse complètement. Je pense à une copine « la douleur, c’est dans la tête… » Allez, tentons la méthode Coué… AAAAAAAAAHHHHHH ça marche pas !!!
 
Il est maintenant 5h du matin et je n’en peux plus. La sf qui est venue régulièrement m’ausculter, le fait à nouveau : ouverture à 4 !!! 4 petits cm en 7 heures ! Elle m’emmène pour qu’on me pose la péridurale. J’ai un peu mal quand on me la pose mais l’anesthésiste est plus compréhensif que celui qui m’a piquée pour ta sœur. La douleur s’arrête et la péri est enfin posée. A partir de là, je ne vais plus faire que dormir (au grand dam de ton père qui lui n’y arrive pas dans ce fauteuil inconfortable). Je ne me réveille qu’à chaque auscultation. Ma gynécologue est là, maintenant. Je vois qu’elle hésite à lancer la césarienne vu la lenteur de l’ouverture et le fait que tu ne descendes pas. A un moment, ton cœur a des ratés… là je me dis ça y est, c’est fini pour l’accouchement, elle va me la faire cette césarienne. Mais elles parviennent à bien te réveiller, me mettent un peu sous oxygène et sur le côté.
Enfin, vers 12h30, je suis ouverte à 10 et ressens l’envie de pousser. On m’emmène en salle d’accouchement.
 
Trois poussées plus tard, tu es là. Il est 12h52, ce samedi 13 janvier 2007. Tu t’appelles Alice, tu mesures 48 cm et pèse 2,690kg. Te voilà sur moi. Tout s’est fait dans la douceur. J’ai eu l’accouchement dont je rêvais (enfin, c’aurait été plus court, ça m’aurait été aussi, hein!). Une demi-heure + tard, après de gros câlins et un petit bain, te voilà en train de téter… Mon doux bébé.
 
Aujourd’hui, tu as 3 mois. Et déjà, nous sommes remplis d’admiration devant ce second petit être qui nous a été offert. Tu es un bébé très calme, serein.
 
Dans 3 jours, je recommence à travailler et une nouvelle vie sociale va s’ouvrir à toi avec la crèche. Ce sera difficile mais je suis sûre que nous y arriverons.
 
 

Publié dans ma famille

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